Dans son dernier livre, Michèle Cotta revient sur le grave accident de voiture dont a été victime Jacques Chirac en Corrèze, à la fin des années 70.
Son destin, comme celui de la France, aurait pu être bien différent. En ce matin du 26 novembre 1978, ce jeune Jacques Chirac à qui tout réussit frôle le pire sur une petite route enneigée de sa Corrèze tant aimée. En chemin pour rejoindre Claude Pompidou, dans un établissement géré par sa fondation, le fringuant maire de Paris est occupé à écrire ses courriers quand son chauffeur perd le contrôle de sa voiture et percute un arbre, près de Saint-Angel. Jambe cassée, vèrtebres fracturées… Le mari de Bernadette est sérieusement touché.
Inquiétante, la nouvelle arrive vite aux oreilles des journalistes politiques de l’époque, comme Michèle Cotta. « Jacques Chirac est, me dit Michel Debré (député RPR), dont la voix tremble en m’annonçant la nouvelle au téléphone, très atteint, et transporté à l’hôpital dans un état grave« , se souvient-elle dans son livre Ma Cinquième (ed. Bouquins). Rapidement, la future patronne de France 2 comprend que les jours de Jacques Chirac ne sont toutefois pas en danger. Mais il est passé à deux doigts de la paralysie et doit observer « plusieurs semaines d’immobilité« . « Immobilité » : ce mot qui me semble incompatible avec Jacques Chirac, toujours en mouvement, toujours pressé », se remémore-t-elle.
Michèle Cotta avait vu juste : le patron du RPR participera bien à la campagne des européennes 1979, malgré 50 jours de convalescence à l’hôpital Cochin (Paris) et une souffrance « atroce« . Veillé par Bernadette Chirac, sur son lit d’hôpital, il validera le fameux texte, surnommé « l’Appel de Cochin« , de ses conseillers Pierre Juillet et Marie-France Garaud. Une sorte de déclaration de guerre au président Giscard, ce fervent partisan de l’Europe avec lequel il s’était plus que chamaillé du temps où il était Premier ministre. L’idée, osée mais contestée, ne mène toutefois qu’à un échec aux européennes et au départ de ses deux conseillers honnis par Bernadette Chirac. Le futur président se remettra heureusement bien de l’accident, même s’il glissera cette confidence : « Je ne pensais pas que l’on pouvait souffrir autant« .