Le Sommet pour l’action sur l’IA, présidé en février dernier par Emmanuel Macron, a définitivement acté l’enracinement de cette évolution technologique dans nos sociétés. Présentée par le chef de l’État comme un enjeu primordial, l’intelligence artificielle est désormais dans tous les esprits. Elle calcule comme personne, enregistre et trie des tonnes de données.
Pour autant, en fouillant cette grosse machine qu’est l’IA, les journalistes de «Cash Investigation» ont identifié des rouages défectueux. Ils font part de leurs découvertes dans un numéro intitulé «L’IA a-t-elle pris le contrôle sur notre quotidien ?», diffusé ce jeudi 10 avril à 21h10 sur France 2.
Chez Sweeeft, l’IA est l’employé du mois voire de l’année. Elle fait même tourner la boutique pendant la pause estivale. L’entreprise propose à la vente un logiciel de recrutement entièrement automatisé grâce à l’intelligence artificielle. La technologie se mue ici en responsable des ressources humaines et lors d’un entretien d’embauche pas un rictus ni un haussement d’épaules ne lui échappe. Une initiative désormais condamnable puisque depuis l’adoption du règlement européen sur l’IA en mars 2024, l’analyse émotionnelle dans le cadre du travail est formellement interdite.
France Travail, l’agence gouvernementale de recrutement, s’est par le passé servi de Sweeeft. Dans le domaine de l’action publique, l’intelligence artificielle est déjà mise à contribution. À Bercy par exemple, cela fait plus de dix ans que l’on sollicite la puissance calculatrice de l’IA pour identifier de potentielles fraudes fiscales. De la grande truanderie aux filouteries de bas étage, ce collègue de boulot ne refuse aucun dossier. Toutefois, près de 865 contrôleurs ont donné leur avis sur l’outil et le bilan s’avère mitigé. Les montages financiers complexes outrepassent, visiblement, les capacités de l’intelligence artificielle.
Un édifice fragile
L’IA, efficace mais coûteuse, suscite encore de la méfiance. L’émission s’arrête sur les Fonds pour la Transformation de l’Action Publique, une enveloppe adressée par la direction interministérielle de la transformation publique à tous les ministères qui lancent des projets innovants incluant l’intelligence artificielle. Certains grincent des dents puisque ces financements sont conditionnés par des suppressions de poste de fonctionnaires.
De la Direction générale des Finances publiques aux bureaux de la CNIL, le reportage soulève légitimement la question de la transparence à propos de l’usage de l’intelligence artificielle dans les services publics. Cette nouvelle enquête menée par Élise Lucet montre également que L’IA présente encore de multiples défaillances. Est-elle à la hauteur des ambitions que nous avons pour elle ?